La chaîne de télévision britannique Channel 4 a commencé à diffuser cette semaine un nouveau programme de téléréalité. Ce programme, sobrement intitulé « Go back to where you come from » (Retourne d’où tu viens), consiste à mettre des Britanniques dans la situation de personnes migrantes venant de Somalie et de Syrie. Ces candidats devront faire en sorte de rejoindre le Royaume-Uni avec les mêmes moyens que les exilés. Un périple qui doit se terminer par une traversée de la Manche sur une embarcation de fortune.
La bande-annonce nous montre que les candidats n’ont pas été choisis au hasard et sont là pour créer un contenu viral. Ils tiennent au départ pour la plupart des propos racistes extrêmement violents, appelant, au mieux, à ne pas secourir les personnes migrantes dans la Manche, au pire, à les abattre. Une tribune de grande ampleur pour les idées nauséabondes d’une extrême droite de plus en plus offensive.
Si Channel 4 prétend que cette téléréalité a pour objectif de sensibiliser la population à la situation des migrants de manière plus accessible qu’un documentaire, on en est en réalité bien loin. Il s’agit de produire un contenu qui se veut sensationnaliste et voyeuriste, de faire de l’audience en utilisant les vies de celles et ceux qui sont forcés de quitter leur pays à cause de la guerre ou de la misère, et qui vont, au péril de leur vie, tenter de rejoindre l’Europe. En effet, a-t-on vraiment besoin d’aller jusqu’à Raqqa ou à Mogadiscio pour se rendre compte de l’horreur des conflits armés et de la pauvreté ? A-t-on vraiment besoin de se mettre en scène sur un bateau gonflable pour se solidariser avec celles et ceux qui traversent la Manche pour trouver une vie meilleure ?
Depuis 2014, plus de 30 000 personnes sont mortes en essayant de rejoindre l’Europe. 40 000 personnes qui ont payé de leur vie les politiques migratoires meurtrières de l’Europe forteresse et du Royaume-Uni. En novembre 2021, 27 personnes étaient mortes, noyées dans la Manche, en raison du choix du Cross (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) de ne pas les secourir malgré leurs 18 appels à l’aide.
C’est avec toutes les politiques racistes et anti-migrants des gouvernements européens (et des médias comme cette téléréalité grossière à leur service) qu’il faudra en finir.
Anaïs Darmony