Nos vies valent plus que leurs profits

Bruits de bottes sur l’Europe

La construction européenne s’est légitimée sur la promesse de paix après la Seconde Guerre mondiale. Oubliez : il faut désormais construire « l’Europe de la défense ». La Commission européenne veut que l’UE investisse 500 milliards d’euros dans ce secteur au cours de la prochaine décennie, alors même que déjà, suite à la guerre en Ukraine, la majorité des 27 pays de l’UE dépensent plus de 2 % de leur PIB dans le domaine militaire, en respectant ainsi les préconisations de l’Otan. Aux différentes bourgeoisies de l’UE de s’accorder (ou pas !) pour trouver l’argent nécessaire. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a annoncé « une clause de sauvegarde nationale » qui exclurait les dépenses militaires des règles budgétaires européennes concernant les déficits publics. Tout en formant le vœu pieux que les commandes militaires, une manne incommensurable, soient passées auprès de groupes européens…

Or, ce n’est pas la tendance ! Durant les cinq dernières années, 55 % des importations d’armes en Europe sont venues des États-Unis, contre 35 % sur la période 2014-2018. Plus l’Europe s’arme, plus elle renforce les profits du complexe militaro-industriel états-unien, notamment ceux des premières entreprises mondiales du secteur : Lockheed-Martin, Raytheon Technologies, Boeing, Northrop Grumman ou General Dynamics. En gonflant le budget de leur « Europe de la défense », dont le but est de faire régner l’ordre impérialiste sous tutelle américaine, les dirigeants européens espèrent tout de même grappiller quelques marchés supplémentaires pour les marchands de mort allemands, français ou britanniques. Quitte à faire voler en éclats leur prétendue « règle d’or » des 3 % de déficit budgétaire, au nom de laquelle ils réduisent toutes les dépenses au service des populations.

Marie Darouen

 

 

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