Profitant de l’incertitude budgétaire au niveau national, la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a adopté un budget pour 2025 qui prévoit 103 millions d’euros d’économies. Un coup de rabot d’une extrême violence, alors que les hôpitaux publics sont déjà exsangues.
Alors que l’AP-HP pointe à juste titre qu’une bonne part de son « déficit » est dû à la non-prise en charge par l’État des dépenses de l’hôpital, telle que celles dues à l’inflation ou à l’octroi de la prime Ségur arrachée grâce aux grèves en 2020, elle prétexte d’une baisse future de 64 millions d’euros des financements nationaux – « selon les prévisions possibles » – pour mettre les hôpitaux de Paris encore plus à la diète. Pourtant, en « off », dans les réunions avec les syndicats, elle table plutôt sur un budget national moins austéritaire que celui de Barnier (un objectif national de dépenses de l’assurance maladie en hausse de 3,3 % au lieu des 2,8 % prévus à l’automne)… L’AP-HP se saisit donc de l’occasion pour imposer un « effort de performance interne particulièrement important », c’est-à-dire faire toujours plus avec toujours moins de moyens. Un exemple : elle annonce l’ouverture de 500 lits en 2025, avec la promesse de 815 postes de soignants supplémentaires, soit une équation ingérable, quand bien même elle serait tenue. Cela signifie l’accélération des fusions de services à l’œuvre aujourd’hui pour mieux supprimer des postes, des mutations forcées de personnel pour combler les trous dans les plannings, et une surcharge de boulot encore accrue. Sans parler des services d’urgence…
Correspondantes
Lire aussi : Urgences : l’effondrement organisé