Nos vies valent plus que leurs profits

Après Vencorex, les salariés d’Arkema mobilisés contre les licenciements

Depuis lundi 13 janvier, les salariés de la plateforme chimique exploitée par Arkema à Jarrie (Isère) maintiennent le site à l’arrêt, bloquant par la grève l’entrée et la sortie des matières premières et produits finis. Ils et elles protestent contre la fermeture de la partie sud du site annoncée le 4 décembre dernier par communiqué de presse de la direction. Sur les près de 340 emplois du site, 160 sont directement menacés, et pour les autres la direction dit « envisager de préserver une partie importante des activités ». C’est l’absence de garanties sur le maintien de la moitié nord du site qui a motivé la mobilisation à l’approche de la réunion du CSE central prévue mardi 21 janvier. Mais quel que soit le contour du « projet de recentrage et de consolidation » que la direction doit présenter, il est déjà certain que les conditions de travail de l’ensemble des salariés du site seront visées.

Arkema licencie malgré les milliards de profits

La direction fait mine d’être contrainte techniquement à la fermeture par l’arrêt de l’activité de Vencorex. Mais face aux propositions d’aménagements formulées par l’intersyndicale, ce sont des arguments financiers qui sont opposés. La manœuvre est claire pour de nombreux salariés : la direction d’Arkema tente de se défausser de sa responsabilité en accusant Vencorex, dont la fermeture avait été annoncée début septembre. Arkema aurait de toute façon largement les moyens de maintenir les emplois et les salaires : issu de Total, le groupe a réalisé 1,5 milliard d’euros de profit en 2023 et près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Sortir de l’isolement : seule issue pour contrer les plans de la direction

Bien organisés, les patrons de la chimie prennent soin d’annoncer leurs plans au coup par coup. En ciblant seulement le sud du site dans son communiqué, la direction d’Arkema tendait un piège aux salariés soucieux de ne pas mettre en péril leur activité. Mais un mois après, force est de constater que la conscience professionnelle des salariés du nord n’a pas fait évoluer les plans de la direction. Elle a même pu être rassurée en constatant que le conflit ne s’étendait pas au-delà de l’entreprise, malgré les liens existant avec les travailleurs de Vencorex qui occupaient encore l’entrée de la plateforme de Pont-de-Claix jusqu’au 30 décembre. Cette politique de division se retrouve concernant les sites voisins d’Arkema : chez Framatome, Equans, RSA ou Air Liquide les salariés sont assurés par leur direction que la fermeture ne les concerne pas. C’est pourtant bien en luttant ensemble que les travailleurs et travailleuses des différentes entreprises de la chimie pourraient empêcher les 15 000 licenciements prévus par le syndicat patronal France-Chimie pour les trois prochaines années.

Installé à l’entrée de la plateforme de Jarrie depuis début décembre, le piquet de grève réunit jusqu’à 200 salariés lorsque se pose la question de la poursuite de la mobilisation. En multipliant ces discussions et en se liant aux salariés menacés de licenciements dans la chimie, l’automobile et bien d’autres secteurs, les travailleurs et travailleuses pourraient se donner les moyens d’augmenter la pression sur leur direction, voire d’empêcher les licenciements. La journée de grève appelée par la fédération CGT de la chimie le 22 janvier aura été l’occasion pour des salariés de nombreuses boîtes de se rencontrer. Ils ont en effet tout intérêt à prendre contact à cette occasion, à tenter de coordonner leurs mobilisations et à les étendre afin qu’aucun ne se retrouve isolé dans sa boite face aux licenciements qui pleuvent dans tous les secteurs.

 

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