Nos vies valent plus que leurs profits

La Poste s’apprête à mettre des milliers d’intérimaires à la porte !

Depuis deux semaines, les postiers sont mis devant le fait accompli : la direction de la Poste a décidé de ne plus avoir recours à l’intérim. Nos collègues intérimaires sont plus de 20 000, travaillent avec nous pour certains depuis des années, la direction les fait tourner sur plusieurs postes de travail dans les centres de distribution, de collecte ou de tri. Surtout depuis que le CDI intérim a été légalisé sous François Hollande en 2014, la Poste en use et abuse car cela lui revient moins cher (pas de prime de précarité ni de congés payés) et elle peut renvoyer ces agents à leur boîte d’intérim de rattachement dès qu’il y a un plan de suppressions d’emplois.

Le cadeau de Noël bien ordurier de la Poste est le suivant : les intérimaires qui ont déjà fait plus de 450 heures se voient proposer un CDD classique, parfois seulement d’un mois ! Pour ceux qui avaient accepté un CDI intérim (c’était la condition ces derniers temps pour continuer à travailler à la Poste), ils devraient démissionner de leur contrat s’ils veulent que la Poste leur signe un CDD.

Seule une petite partie d’entre eux pourra signer un CDI au bon vouloir des directions locales qui mettent le plus souvent comme condition d’avoir le permis. Or beaucoup n’en ont pas les moyens, vu les salaires de misère. D’ailleurs, vu les salaires et la précarité, beaucoup des intérimaires actuels n’accepteront ni CDD ni CDI. Et puis il y a la fierté : après des années de travail difficile et précaire, être traité comme des kleenex, c’est non !

Pour tous les postiers, déjà en sous-effectif chronique, cela veut dire assurer le travail à la place de tous ceux qui seront mis à la porte ces prochains jours ! Plus personne quasiment pour remplacer ceux qui sont en congés, en maladie ou en temps partiel.

C’est bien un vaste plan de licenciement déguisé qu’il nous faut combattre : la Poste veut, au lendemain des élections CSE qui lui ont permis de supprimer tous les CHSCT et des centaines de représentants du personnel locaux, aggraver les conditions de travail de tous en envoyant des milliers de travailleurs au chômage. S’organiser à la base dans nos centres avec comme objectif une mobilisation nationale pour refuser toutes les suppressions d’emplois est la seule solution.

9 décembre 2024, Correspondants