Une mobilisation toujours en cours
Jeudi 26 juin 2025, 14 écoles de l’agglomération grenobloise étaient de nouveau fermées ou partiellement fermées.
Les personnels de l’Éducation nationale se sont rassemblés devant les locaux de la Direction académique (Dasen) pour exiger la requalification en REP (réseau d’éducation prioritaire) des écoles dites « orphelines », à l’image de l’école primaire Racine. Cette dernière a un indice de position sociale (IPS) extrêmement bas de 72,5, sur une échelle de 45 à 185. La requalification REP est indispensable pour obtenir des moyens adaptés aux besoins réels des élèves.
Cette journée d’action s’inscrit dans la continuité d’un mouvement entamé le 5 mai dernier, lorsque plus de 500 travailleurs et travailleuses de l’éducation avaient manifesté devant le rectorat de Grenoble. Cette première journée de grève avait été suivie de trois jours de grève consécutifs la semaine suivante.
Les revendications sont toujours les mêmes : davantage de moyens humains, en particulier une augmentation significative du nombre d’AESH, pour garantir une inclusion véritable et digne des élèves en grande difficulté. Face à l’urgence, le personnel a une fois encore réaffirmé ce jeudi sa détermination à lutter.
Visites surprises, discours managérial et effets d’annonce : le personnel n’est pas dupe
Dans les jours qui ont suivi ces mobilisations, le recteur, le Dasen et plusieurs cadres de la direction académique avaient entamé une série de visites à l’improviste dans les écoles de l’agglomération. Objectif : tenter d’éteindre l’incendie en distribuant quelques miettes et en promouvant leurs nouveaux « produits » : Le PAS (pôle d’appui à la scolarité) et « Respire », des bricolages sans investissement en nouveau personnel, vendus comme des solutions auxquelles « il faudrait laisser une chance », selon les mots du Dasen.
Mais ce langage managérial n’a guère convaincu. Sur le terrain, tous et toutes le constatent. Sans moyens humains concrets, aucune amélioration durable n’est possible. Le PAS n’est qu’un redéploiement de moyens existants, au détriment d’autres établissements. Quant à l’expérimentation « Respire », elle repose sur la mise à l’écart d’élèves considérés comme « perturbateurs », loin d’une vision « inclusive » et « bienveillante » de l’école. Comble du cynisme, ce dispositif pourrait même imposer aux familles de transporter leurs enfants vers un établissement éloigné de celui où ils sont affectés. Et pour répondre à la souffrance des agents ? Le rectorat propose des séances avec un psychologue via le PAS MGEN. Une nouvelle marque de mépris, qui ne répond en rien à la dégradation réelle des conditions de travail dans les écoles.
Malgré tout, ces visites et annonces témoignent d’une chose : la mobilisation dérange, et elle commence à porter ses fruits. Sous la pression collective, le rectorat a été contraint de créer une dizaine de postes d’AESH supplémentaires sur l’agglomération grenobloise, ainsi que le remplacement d’une enseignante référente (non remplacée depuis deux ans). Une avancée minimale, bien en deçà des besoins. À la Villeneuve, épicentre de la mobilisation, ce sont 28 postes d’AESH qui avaient été annoncés pour le 4 juillet. Dans les faits, les équipes n’en ont constaté que six. Ce 26 juin, un enseignant résumait l’état d’esprit général : « On ne veut pas que des miettes, on veut toute la boulangerie ! » Et c’est bien cela qu’il va falloir aller chercher, collectivement, par nos luttes.
Une assemblée générale pour préparer la suite
À l’issue du rassemblement, une assemblée générale a réuni le personnel mobilisé, qui a réaffirmé sa détermination à ne rien lâcher. Une nouvelle AG se tiendra fin septembre pour poursuivre la mobilisation et préparer la grève. C’est bien par le renforcement des liens entre les établissements, et en construisant des ponts avec d’autres secteurs en lutte, que nous pourrons imposer la création de postes d’AESH, l’organisation de véritables formations, le remplacement systématique des absents, et plus largement, des conditions de travail et d’apprentissage dignes pour tous et toutes.
Correspondant