Nos vies valent plus que leurs profits

Public-privé : l’hécatombe des emplois. À nous de déclencher l’unité dans la lutte, tous et toutes ensemble

Paris, 1er mai 2025

Le 1er mai, journée internationale de lutte des travailleurs, a été l’occasion de faire entendre la voix du monde du travail, face au discours réactionnaire et militariste ambiant, en France aussi bien que dans le reste du monde : comme aux États-Unis, pays de naissance du 1er mai, contre Trump et sa politique ; ou en Turquie, contre le régime d’Erdoğan, en dépit de la brutale répression de la police qui a arrêté 400 personnes.

Les grèves continuent, n’en déplaisent au patronat et au gouvernement

Des luttes se déroulent localement, dans les entreprises privées comme les services publics, autour de la question des salaires, du maintien de l’emploi et de la défense des conditions de travail. Les cheminots entament une grève cette semaine, entraînant les cris d’orfraie des ministres et journalistes de connivence dénonçant les prétendus « privilèges » des travailleurs du rail. Il faut dire que tout ce beau monde s’y connaît en avantages indus et en parasitisme social ! La SNCF a réalisé un bénéfice net de 1,5 milliard d’euros en 2024, tandis que les cheminots n’ont touché que 0,5 % d’augmentation générale des salaires…

Nationaliser les licenciements…

La liste des plans de licenciements s’allonge. La semaine dernière, STMicroelectronics (1,6 milliard de dollars de bénéfice) et ArcelorMittal (1,3 milliard), y ont ajouté leur pierre en annonçant respectivement 1 000 et 636 suppressions de postes en France, dont plus de 300 à Dunkerque pour le sidérurgiste.

Les responsables politiques et syndicaux de gauche se sont alors pressés à Dunkerque pour le 1er mai, avec une solution magique pour sauver ArcelorMittal : la nationalisation. Le refrain est connu : dans les années 1970, le gouvernement de droite, sous la présidence de Giscard d’Estaing, avait épongé les dettes d’Usinor et Sacilor en y prenant une participation majoritaire. La gauche unie derrière Mitterrand avait poursuivi en achevant de nationaliser et c’est en fin de compte l’État qui a conduit lui-même des « restructurations ». Résultat des courses, 100 000 postes supprimés en une dizaine d’années et la richissime famille de Wendel, maître historique des forges, indemnisée bien au-delà de la valeur d’usines obsolètes.

Bien sûr, les Ruffin, Tondelier, Faure et Trouvé jurent que la nationalisation permettra de sauver les emplois. Mais ce qu’ils veulent, c’est seulement que l’État finance les restructurations et les licenciements pour rendre demain aux patrons une industrie devenue plus rentable. De l’acier dit « français » que les travailleurs fabriquent, au passage, avec un minerai de fer venu du monde entier. Il faut bien que l’industrie de l’armement ait de quoi fabriquer des engins de mort !

Plutôt se battre ensemble pour interdire les licenciements !

Le nationalisme, même de gauche, pas plus qu’aucun protectionnisme, fût-il « solidaire », ne sont des solutions. Car cela revient à s’en remettre chacun de son côté à un État qui sert avant tout les riches, même quand des politiciens de gauche sont à sa tête.

C’est bien davantage une lutte d’ensemble, de tous les travailleurs, qu’il faudrait mettre à l’ordre du jour. À la SNCF, les directions des syndicats Sud et CGT ont décidé de saucissonner le combat : un jour pour les agents de conduite, un autre pour les contrôleurs, encore un autre pour les ateliers. Dans les usines qui licencient, les directions syndicales prescrivent également de cantonner la lutte à l’entreprise, dans d’interminables négociations où l’on se regarde avec le patron en chiens de faïence. Morceler les forces plutôt que les unir dans un combat général, ce serait la stratégie miracle ? Bien au contraire, il faut trouver le chemin de l’unité dans la lutte, avec en tête que toutes les grandes victoires ont été le résultat de grèves capables de faire boule de neige et de représenter une menace collective pour le patronat.

Éditorial du NPA-Révolutionnaires du 5 mai 2025

 

 

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