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Quand les patrons organisent la « grève » des laboratoires d’analyse, c’est pour se gaver toujours plus

Du vendredi 20 septembre au lundi 23 inclus, les laboratoires d’analyse biologique étaient en « grève » et ils se projettent désormais sur sa reconduction au mois de décembre pour la fin de l’année, menaçant de « fermer les après-midis, les samedis » et à terme « de ne plus fonctionner que quatre jours par semaine, d’arrêter des investissements humains, numériques, épidémiologiques, en techniques innovantes et la réalisation de certains examens biologiques utiles aux patients » et soi-disant réalisés à perte.

Cette situation provient d’une décision récente de la CNAM (Caisse nationale de l’assurance maladie). La CNAM est la gestionnaire de la caisse de solidarité nationale dédiée à la santé : c’est elle qui fixe les tarifs de certaines activités de santé soumises à la tarification à l’acte. Dans un arrêté de janvier 2024, elle a revu à la baisse le tarif de certains actes réalisés et donc facturés par les laboratoires, qui sont passés de 0,26 centimes à 0,25 centimes d’euros en France. Une baisse qui fait suite à une précédente annoncée en 2023, dans le cadre des négociations triennales (dont le protocole a été signé en juillet 2023). Dans sa volonté de toujours davantage diminuer les dépenses publiques, l’État a pour une fois décidé de ne pas l’imposer aux travailleurs mais aux entreprises de santé. Une bien faible contrepartie quand on compare avec tout ce que les diminutions budgétaires dans la santé font peser sur les classes populaires : difficultés dans l’accès aux soins et conditions de travail pour les soignants toujours plus dégradés, hausses de participation aux frais de santé, etc. Mais cette perte d’un centime par acte a semblé trop insupportable pour les organisations patronales de biologistes, indignées par l’attitude soi-disant « fermée et irrespectueuse de la CNAM », qui se sont empressées de dénoncer alors via des communiqués de presse le « Shut Down » prétendument imposé par la CNAM.

Ce sont ces mêmes organisations patronales qui organisent aujourd’hui un chantage sur la santé des patients (en empêchant l’accès aux laboratoires) pour exiger de mieux siphonner l’argent de la Sécurité sociale. Car Sécurité sociale est financée par nos cotisations, c’est-à-dire une partie de nos salaires. De plus, depuis la période du Covid, nombre de tests se font sans ordonnance, sur fond de campagne de dépistage et au bon vouloir des biologistes (prescripteur et exécutant : le duo 100 % gagnant). Nous pourrions également évoquer les marges de bénéfices faites sur l’ensemble des tests techniques en laboratoire, le volume toujours croissant du nombre d’analyses, les cadeaux fiscaux aux entreprises dont profitent les laboratoires, le gel des salaires et la diminution des effectifs qu’ils imposent à leurs salariés. Autant de facteurs orchestrés par les organisations patronales qui mettent en péril la santé publique et expliquent comment ces entreprises ont pu se gaver d’argent public, d’accumuler des profits colossaux ces dernières années et verser ainsi des dividendes énormes aux fonds d’investissement propriétaires des laboratoires.

D’un côté, les organisations patronales, main dans la main avec l’État organisent la détérioration toujours plus aigüe de notre système de santé, de l’autre, le transfert de nos cotisations censées le financer dans les poches des patrons. Seule une mobilisation massive des travailleurs de la santé et des classes populaires qui en ont besoin pourront en finir avec ce vol à grande échelle et imposer un système de soin libéré du profit.

Correspondante