Premier congrès du Nouveau Parti anticapitaliste-Révolutionnaires, 31 janvier, 1er et 2 février 2025
Bonjour à tous et à toutes !
Et un bonjour chaleureux de la part de mes camarades du RSO. Si je suis seule à nous représenter à ce congrès, cela est dû au fait que nous nous trouvons pleinement engagés dans une campagne électorale.
Comme vous le savez, le gouvernement de centre gauche sous le chancelier social-démocrate Scholz a fait long feu et il y aura des élections anticipées le 23 février.
Cette coalition gouvernementale dite de « feu tricolore » entre sociaux-démocrates, libéraux et verts est un des gouvernements les plus impopulaires des dernières décennies. Il s’était autoproclamé « coalition du progrès », mais de fait, il va rester en mémoire pour la remilitarisation sans précédent liée à ce « tournant d’époque » que Scholz a annoncé après l’invasion de Poutine en Ukraine, tout comme pour son soutien inconditionnel à la guerre génocidaire d’Israël. Avec leur popularité en chute libre, il y a eu de plus en plus de disputes entre ces trois partis, entre autres sur des questions budgétaires et les libéraux ont finalement préparé la chute de ce gouvernement.
Sur ce fond de crise sociale, tous les grands partis se sont livrés à de la démagogie anti-immigrée et le gouvernement de Scholz a passé plein de mesures racistes pour « limiter la migration » et « expulser à grande échelle ». Mais évidemment, c’est le parti d’extrême droite AfD qui a profité le plus de tous ces discours et mesures xénophobes. L’AfD, qui a fait 10,3 % aux élections de 2021, reçoit entre 20 et 23 % dans les derniers sondages. Ça fait partie de ce Rechtsruck – virage droitier – du paysage politique en Allemagne. Mais ce n’est pas seulement l’AfD, mais de fait tous les grands partis qui virent à droite et se font concurrence pour qui savoir qui serait le plus efficace pour mettre les réfugiés à la porte, tout en promettant encore plus de cadeaux aux patrons et d’attaques contre les droits des travailleurs. En tête des sondages se trouvent les conservateurs sous Friedrich Merz, un ancien dirigeant de BlackRock, ce géant international de la finance. Il est particulièrement démagogue et cette semaine il a fait voter au parlement des motions contre le droit d’asile qui n’ont pu passer qu’avec les voix de l’AfD, une grande première en Allemagne. Le prétexte que Merz a choisi était une attaque avec un couteau qui a fait deux morts à Aschaffenburg, perpétré par un Afghan qui avait une « obligation de quitter le territoire ». Ce n’était pas du tout un attentat politique, en fait l’assassin avait des problèmes psychiques. Merz n’a pas seulement collaboré avec l’AfD pour faire passer sa motion, mais il reproduit exactement le même discours scandaleux en déclarant qu’il ne veut plus rester « spectateur impuissant quand les gens dans notre pays sont menacés, blessés et assassinés ».
Contre la montée de l’AfD, il y avait déjà eu des très grosses manifestations en janvier 2024 et maintenant il y en a des nouvelles. Mais une faiblesse des manifs de l’année dernière était qu’elles ne ciblaient que l’AfD et pas du tout la politique gouvernementale qui fait le lit de l’AfD. Les manifestations actuelles visent aussi Merz, mais plus le fait qu’il banalise l’extrême droite que toutes les idées et politiques réactionnaires – dont celle de Scholz.
Comme je l’ai mentionné, nous nous présentons avec RIO, l’organisation sœur de RP, aux élections législatives du 23 février, et je voulais raconter rapidement comment on en est arrivé à cette collaboration, et comment elle se passe.
Suite à la « rupture révolutionnaire », une conférence autour du départ d’une partie de l’organisation jeune de la Linke en début 2022, différentes discussions ont commencé. D’un côté, nous avons commencé des discussions avec le GAM, de la Ligue pour la Cinquième Internationale, de l’autre, un cadre s’est mis en place avec la perspective d’une potentielle candidature révolutionnaire, avec nous, RIO, et le très petit groupe Baga, politiquement assez flou, concentré sur un syndicalisme combatif dans les boites.
Assez rapidement, des différences sont apparues avec ce dernier groupe, qui souhaitait visiblement réellement entrer dans les institutions et être élu.
L’objectif de ce cadre était aussi de convaincre d’autres groupes, avec différentes approches. RIO refusait par exemple catégoriquement des groupes staliniens. C’est l’une des raisons pour laquelle le cadre ne s’est finalement pas élargi.
Les événements se sont accélérés avec l’annonce d’élections anticipées fin novembre, et Baga a provisoirement quitté le cadre.
Restés seuls avec RIO, nous avons décidé de tenter une candidature. Pour différentes raisons, politiques mais aussi administratives, nous avons choisi de présenter des candidatures nominatives dans des circonscriptions – sans entrer dans le détail, les électeurs en Allemagne votent pour un candidat de leur circonscription et un parti nationalement, qui doit être légalement constitué et validé.
Les camarades de RIO ont d’abord proposé un programme et un concept de campagne qui ne nous convenait pas. Le programme était extrêmement long et confus. Notre refus a fait que nous menons une campagne commune, pas avec un programme commun mais sous un slogan commun : « Pour un monde sans frontières, sans guerres et sans exploitation », que nous avions proposé. La décision de faire des candidatures séparées dans différentes circonscriptions laisse une certaine autonomie aux deux organisations.
En plus du slogan, nous avons publié un communiqué avec une série de revendications courtes, à partir desquelles nous avons aussi élaboré les slogans de campagne et d’affiches.
Les principaux désaccords dans les discussions étaient par rapport à l’Ukraine, le rapport à la RDA et aux syndicats.
C’est notable que RIO popularise jusque maintenant peu les revendications sociales, mais se concentre plus sur des slogans assez gauchistes, notamment « Détruire l’AfD ».
Il y a un comité de campagne, qui reste essentiellement composé des deux organisations et de nos milieux respectifs, et qui planifie les actions, en partie en commun, par exemple à la fac.
L’essentiel de la campagne dans les circos elles-mêmes reste cependant séparée.
Parmi les actions menées en commun : la manif contre le congrès de l’AfD à Riesa, quatre réunions publiques communes de campagne, une fête de campagne, le comité, mais aussi plusieurs apparitions communes des candidates dans des grèves ou débrayages des NAO en cours, apparitions communes qui se passent plutôt bien.
Les désaccords internationaux, y compris entre nos courants à l’échelle internationale, ont été absents de la plupart des discussions, formelles comme informelles, ce qui est certainement aussi une décision consciente.
Les trois candidates (une de RIO à Munich et une à Berlin, et une du RSO à Berlin) dont une sage-femme, et deux travailleuses sociales, des jeunes militantes, ce qui fonctionne assez bien ensemble et donne une certaine dynamique.
De manière générale, l’atmosphère s’est détendue après des premières semaines plus conflictuelles, et une petite routine commune s’est installée dans notre collaboration.
La campagne a aussi une certaine dynamique, aussi parce qu’une telle collaboration entre au moins deux organisations a rarement existé en Allemagne, ce qui donne un certain rayonnement, duquel profitent également nos groupes à Düsseldorf et Vienne.
En tout cas, nous avons passé le premier cap : réunir 200 signatures et valider notre candidature, et nous rencontrons un écho favorable.
L’une des questions intéressantes est aussi la continuation de ce cadre après les élections, est-ce qu’il persistera, est-ce que l’exemple de la campagne pourrait permettre de s’adresser à d’autres forces d’extrême gauche ?
Pour le moment, rien de concret, on reste un petit groupe et c’est beaucoup de travail pour nous, même si – heureusement – ça ne se voit pas toujours de l’extérieur.