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Plan Écophyto 2030 : pour ne plus parler des pesticides, le plus simple est de casser le thermomètre !

Le gouvernement a rendu public, le 6 mai, son nouveau « plan Écophyto 2030 », concernant les pesticides nécessaires à l’agriculture intensive qui sert de modèle aux capitalistes de l’agriculture. Rappelons qu’il avait été repoussé sine die pour faire droit aux demandes de la FNSEA, qui s’appuyait sur la mobilisation des agriculteurs, de continuer à autoriser ces produits.

L’indice utilisé jusque-là en France pour mesurer l’impact des pesticides est abandonné et remplacé par l’indice européen, le HRI (pour Harmonized Risk Indicator). C’est cela qui permet au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, d’affirmer que l’objectif d’une « réduction de 50 % des pesticides » d’ici 2030 est maintenu. En se faisant un brin menaçant pour ceux qui prétendent le contraire, accusés de propager de « fausses informations ».

Tant pis pour le Conseil scientifique et technique du plan Écophyto dont une majorité des membres a signé une communication rendue publique début mai et qui montre que l’indice européen ne rend en aucun cas compte de la réalité. Qu’on en juge.

Imaginez un produit utilisé par l’agriculture et classé sans grand danger. Imaginez maintenant qu’une étude montre qu’il est en réalité cancérogène, et que cela aboutisse à son interdiction. Il sera alors remplacé par un autre produit (pour l’instant) classé sans grand danger. La mesure de la dangerosité devrait évidemment être la même que l’année précédente, puisque le nouveau produit est classé exactement comme l’était le précédent. Mais, pour l’indice HRI, le risque a… baissé, et de beaucoup puisque l’indice HRI est modifié de façon rétroactive et considère qu’on est passé d’un produit désormais classé dangereux à un produit classé sans grand danger. En refaisant le coup chaque année, pas sûr qu’on ait besoin d’attendre 2030 pour que le gouvernement annonce fièrement la fin des risques liés aux pesticides dans l’agriculture… sans que la situation réelle ait changé d’un iota !

Rappelons que l’usage des pesticides est un problème de santé publique, responsable d’une baisse considérable de la biodiversité. On retrouve bien là ce que les capitalistes attendent d’un gouvernement : enrober de couleurs trompeuses des mesures qui ne sont que de la m…

Jean-Jacques Franquier