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La mise à mort de six millions de Juifs d’Europe par l’Allemagne nazie

Entrée d’Auschwitz vue de l’intérieur du camp – Photo prise le 27 janvier 1945

Le 27 janvier 1945, une division l’Armée rouge a ouvert le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, dans le cadre d’une offensive menée le long de la Vistule. Elle y découvre 7 000 détenus. 1 100 000 personnes ont trouvé la mort dans ce qui a été le plus grand camp d’extermination créé par les nazis. Cette sinistre organisation d’extermination comprenait aussi les camps de Treblinka, Sobibor, Majdanek et tant d’autres, la plupart étaient concentrés en Pologne.

Les exactions des nazis contre les Juifs ont commencé dès leur arrivée au pouvoir en Allemagne, en 1933. Mais c’est au cours de l’offensive des troupes allemandes vers l’Est que les massacres se sont généralisés. D’abord par des exécutions massives de Juifs raflés au cours de l’invasion de l’Ukraine : entre 1941 et 1944, un million et demi de Juifs – hommes, femmes, enfants, vieillards –, furent ainsi exécutés par les Einsatzgruppen (des unités de tuerie mobiles de la Waffen-SS). Ce qu’on a parfois appelé la « Shoah par balles » a considérablement affecté le moral des soldats allemands, ce qui a conduit à la conférence de Wannsee de janvier 1942 les digitaires nazis à décider de la « solution finale » et à créer des camps d’extermination, à côté des camps de concentration destinés au travail forcé des détenus. « Arbeit macht frei » (« le travail rend libre ») proclamait cyniquement l’inscription qui surmontait l’entrée de nombreux camps de concentration.

Dans ces centres de mise à mort, les exécutions ont été industrialisées : sur les 1 100 000 détenus morts à Auschwitz, 900 000 ont été exécutés dès leur arrivée au camp. Les corps de ceux qui étaient tués dans des chambres à gaz étaient ensuite réduits en cendres dans les fours crématoires.

Dès août 1944, les troupes soviétiques se tenaient à 200 kilomètres d’Auschwitz et les dirigeants nazis ont commencé à démanteler le camp, tout en poursuivant l’activité des chambres à gaz et des fours crématoires jusqu’à la dernière minute : ce n’est qu’en novembre 1944 que les trois fours crématoires encore en service furent dynamités. Les fosses contenant les cendres des suppliciés furent recouvertes de terre par les Sonderkommandos, ces groupes de détenus juifs chargés de vider les chambres à gaz, de récupérer tout ce qui pouvait l’être sur les cadavres puis de nettoyer les fours crématoires. Tous leurs membres furent exécutés à l’approche des troupes soviétiques pour faire disparaître les témoins, tandis que les archives recensant le nom de toutes les victimes étaient quasiment toutes détruites –on ne retrouvera que quelques dossiers. L’immense majorité des détenus furent emmenés hors du camp. La « marche de la mort » d’Auschwitz a été responsable de dizaines de milliers de morts : les détenus, épuisés, privés de nourriture, devaient marcher dans un froid glacial et ceux qui n’y parvenaient pas étaient exécutés sur-le-champ. Seuls 7 000 détenus, alors à l’infirmerie, ont été laissés à Auschwitz. Ce sont ceux-là que l’Armée rouge a découverts.

Jean-Jacques Franquier

 

 

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